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Le Dgi Nicolas Yènoussi à cœur ouvert avec ADN: « Chaque citoyen ne paie que l’impôt qui correspond à sa catégorie…»

Nicolas Yènoussi, Dg Impôts, a annoncé la nouvelle mesure
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Deuxième et dernière partie de l’entretien accordé par le Directeur général des impôts, Nicolas Yènoussi à Africa Dev. News (ADN) sur la place des impôts dans le budget de l’État exercice 2025. Ici, il est plus question des impôts phares que collecte la Dgi et plus particulièrement de la Taxe sur véhicule moteur (Tvm) dont on n’en entend plus parler avec des contestations dans l’opinion. Lire les réponses du Dgi à nos différentes questions.

 

Africa Dev. News (ADN) : Autant que vous le pouvez, rappelez-nous les impôts phares que le contribuable paie habituellement

Nicolas Yènoussi : Je dirai qu’en dehors de la fiscalité de porte que constituent les droits de douanes que les commerçants importateurs paient,
si nous sommes en fiscalité intérieure, il y a un certain nombre d’impôts :  la Tva, l’impôt sur les sociétés, la taxe sur les boissons, l’impôt sur les bénéfices non commerciaux, l’impôt sur les bénéfices commerciaux, l’impôt sur les dividendes, etc. Mais il faut remarquer qu’au nombre de tous ces impôts, chaque citoyen ne paie que l’impôt qui correspond à sa catégorie ou aux activités qu’il mène ou aux revenus qu’il gagne. Pour être plus concret, lorsque je suis salarié, je ne paierai pas l’impôt sur les bénéfices, parce que je ne fais pas des affaires, je n’aurai donc pas de bénéfices. Mais j’aurai mon salaire, et c’est sur ce salaire que je paierai les impôts sur salaire. Si je ne vends pas le tabac, je ne paierai pas la taxe sur les tabacs. Si je vends les boissons, j’aurai à payer la taxe sur les boissons, etc. Donc c’est par catégorie que les impôts sont prévus dans la loi. Mais globalement, quand on prend la nomenclature des différents impôts, l’impôt qui est le mieux partagé ou payé par l’ensemble des citoyens, demeure la Taxe sur la valeur ajoutée (Tva). La Tva est un impôt sur la dépense, sur la consommation que vous payez à l’occasion de vos achats, que cela soit de carburants, de vêtements ou de différents produits alimentaires. Dans la nomenclature, la Tva vient en tête et représente 33%, soit un tiers pour cent des recettes fiscales, suivie de l’impôt sur les sociétés ; c’est-à-dire les impôts que les entreprises qui sont constituées sous forme de société paient, autour de 25%. Viennent après les autres tels que les impôts fonciers qui constituent un impôt payé par les personnes physiques. Mais, dans notre société, ce n’est pas encore bien payé. Le taux de mobilisation des impôts fonciers demeure encore faible.

Et qu’en est-il de la Taxe sur véhicule moteur, la Tvm ? Apparemment la Direction des impôts n’en tient plus rigueur puisqu’on n’entend plus des cris ou des grincements de dents dans l’opinion.

Je suis d’accord avec vous. Et c’est ce qui est à souhaiter, qu’il n’y ait plus de grincement de dents. Les grincements de dents, les critiques, les polémiques sont dus souvent à la mal compréhension de ce que nous faisons ou de ce que, soit notre message n’est pas passé et nous devons redoubler d’efforts pour continuer par sensibiliser, soit les citoyens ont l’impression qu’ils fournissent utilement des efforts, ou ces efforts ne se traduisent pas dans leur quotidien. Lorsque vous quittez chez vous et pour faire cinq kilomètres, vous devez peut-être rouler pendant plus de trente minutes, vous voyez que le citoyen a de quoi critiquer l’action gouvernementale. Mais si pour faire cinq kilomètres vous prenez votre moto et vous circulez assez facilement, vous comprenez qu’il y aura un déclic et les citoyens vont commencer par comprendre. Tout cela fait qu’aujourd’hui, et comme vous le dites, effectivement il y a moins de critiques. Deuxième aspect, il faut faciliter le paiement de l’impôt aux usagers. Comme on le dit couramment dans notre quotidien, on ne peut pas souffrir pour chercher l’argent et souffrir encore pour le dépenser. Les populations ne peuvent pas souffrir, endurer beaucoup d’efforts pour avoir les moyens, et pour payer les impôts vont subir des tracasseries. Ça, c’est un facteur négatif à la mobilisation des recettes. On doit pouvoir donc faire des efforts pour améliorer, faciliter le paiement de l’impôt. Donc, depuis qu’on a facilité le paiement de la Tvm, comme vous le dites, il y a moins de contestations. Tout le monde va en ligne et paie. C’est la même chose pour les factures de consommation : les factures d’eau et d’électricité. Depuis que c’est digitalisé, on peut payer directement à la maison, en ligne et il y a moins d’invectives contre la Sbee. Pour en venir à votre préoccupation, ce n’est pas que la Tvm a été négligée, au contraire la Tvm se porte très bien.

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Je dirai qu’en 2017, la première année où elle a été instituée, nous avons mobilisé à peu près 5 milliards. Et puis, ça a commencé par baisser, parce que les moyens classiques que nous utilisons pour contrôler la Tvm c’était d’ériger les barrières routières et d’obliger les automobilistes à s’arrêter pour qu’on fasse le contrôle. Mais le gouvernement a décidé très tôt, en 2016, de supprimer les barrières routières. Donc les contrôles routiers tels que cela se faisait avant avec l’appui de la Police, le gouvernement a interdit cela et de façon ferme. Nous, à la Dgi, on avait même pensé qu’étant une structure de mobilisation de recettes le gouvernement allait nous accorder une dérogation pour le faire. Mais j’ai été interpellé par mes supérieurs hiérarchiques plusieurs fois de lever les barrières et de demander à mes collaborateurs de ne pas ériger des barrières pour contrôler la Tvm. Donc la Tvm a commencé par chuter. De cinq milliards, on est passé à 4, 3 milliards. En 2020, on est descendu vraiment à 2,5 milliards ; vous voyez l’écart ! Nous avons finalement essayé de stagner tout ça autour de 2,5 voire 3 milliards.  Vers fin 2023, nous avons trouvé la solution de tout digitaliser, de coupler la visite technique avec le paiement de la Tvm et les assurances. Quand on a fait cela, je crois que tout le monde est tranquille aujourd’hui. Nous avons trouvé la meilleure solution, et nous avons dépassé le niveau record de 2017, et ça continue. A date, fin novembre, on est déjà à près de 8 milliards. Donc la digitalisation est un outil essentiel de mobilisation des recettes, d’élargissement de l’assiette et de sécurisation des recettes. On en tire énormément profit. Une fois encore, la Tvm sera porte très bien, tout comme les autres impôts, tout comme les finances de l’Etat. Je profite pour dire que les finances de l’Etat se portent très bien, les impôts se portent très bien, la douane se porte très bien. On mobilise, avec l’effort de tous on atteint régulièrement les objectifs qui sont fixés. C’est d’ailleurs tout cela qui justifie que notre gouvernement soit capable de mobiliser également des financements extérieurs parce qu’en général on ne prête qu’aux riches. C’est parce que nous sommes riche et capable de rembourser que les bailleurs et les différents acteurs du milieu financier font confiance à la signature du Bénin.
Votre mot de conclusion

Mon mot de fin ira à l’endroit des populations. C’est un mot de remerciements parce que nous avons été soutenus par les différentes couches des notre société pendant toute l’année 2024. Ce soutien s’est matérialisé par l’atteinte des objectifs de recettes budgétaires. Une fois encore on peut se féliciter que la direction générale des impôts a réalisé les objectifs budgétaires. Je profite pour dire merci à tous pour l’accompagnement parce que tout ça c’est le fruit de l’effort de chacun de nous. Je voudrais profiter également pour remercier mes supérieurs hiérarchiques notamment le ministre de l’Économie et des finances qui ne cesse de nous accompagner pour l’atteinte des objectifs qui nous ont été assignés.

*Propos recueillis par Africa Dev. News (ADN)*

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